Matthieu 26 vt 30 à 75
Ce passage résonne comme un avertissement pour chacun de nous : les apôtres, notamment Pierre, sont tellement convaincus de la solidité de leur foi et de leur courage que finalement ils en oublient leur condition humaine : « la chair est faible » (vt. 41). Jésus nous donne donc dans ce récit un enseignement et nous exhorte à la vigilance et à la prière à cause précisément de notre fragile condition humaine. Il nous exhorte à « veiller et à prier » car il nous connaît bien. Il sait que « l’esprit de l’homme est plein de bonne volonté » mais aussi que « la chair est bien faible ». Autrement dit : Ce ne sont pas nos bonnes intentions qui vont nous protéger devant l’épreuve mais c’est la prière !
Jésus est le modèle parfait en ce qui concerne la vigilance et la prière. Comme lui nous devons veiller et prier pour nous garder de toutes tentations. Même à Gethsémané, au plus fort de l’épreuve, Jésus continue d’enseigner ses disciples. Il nous montre l’exemple à suivre et comment nous devons nous comporter devant la tentation. Par 3 fois dans le texte nous voyons Jésus exhorter les disciples et en particulier Pierre, Jean et Jacques. Ce n’est pas anodin car Jésus, saisi d’angoisse, a besoin de leur amitié et de leur prière, mais c’est en vain ! La troisième fois (vt. 45), Jésus leur dit « dormez maintenant et reposez-vous » autrement dit : « je vous ai exhorté à prier avec moi mais vous n’avez pas pu, maintenant je vous donne la permission de dormir ; sachez cependant que vos ennemis ne vous laisseront pas tranquilles ! » La preuve ne se fait pas attendre longtemps puisque juste après, Jésus leur dit « levez-vous, il faut y aller, voici, celui qui me trahit est là. » (vt. 46)
La suite du récit nous démontre que Jésus, par ses temps de veilles, de prières et de supplications, de mise à part, de recherche de la volonté du Père a obtenu la force d’en haut pour continuer sa mission jusqu’au bout alors que tous les disciples vont fuir (vt. 56b). Même l’apôtre Pierre va renier son maître (vt. 69-75). Ce qui est remarquable c’est qu’au sein même de son agonie à Gethsémané, Jésus se soucie de ses frères. Il sait toutes choses, il connaît les faiblesses de tous ses disciples, comme les nôtres. C’est pourquoi la vigilance et la prière nous permettent non seulement de nous garder personnellement de certaines chutes mais aussi de pouvoir préserver nos frères dans la foi. Ce fut le cas de Marie Durand, enfermée pendant 38 ans à la tour de Constance à cause de sa foi (1712-1776) : Elle a appris à veiller et à prier et c’est ce qu’elle enseignait à ses codétenues avec ce fameux mot gravé dans la pierre : « register » c’est-à-dire « résister ». En effet nous avons parfois besoin que d’autres personnes bienveillantes et surtout bien-voyantes exercent à notre égard une protection en nous avertissant des dangers que nous encourons.
Dans le passage parallèle de Marc 14 vt 37, Jésus dit à l’apôtre Pierre « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller une heure ! » Jésus, à ce moment-là, appelle l’apôtre « Simon » et non « Pierre » pour lui rappeler sa nature humaine et fragile. Il lui dit ainsi que son appel en tant qu’apôtre ne le dispense pas de veiller sur ses voies et qu’il demeure un homme comme un autre, sujet lui aussi aux faiblesses humaines. La vocation de l’apôtre Pierre, aussi glorieuse soit-elle, ne le dispense pas de veiller et de prier, à plus forte raison nous-mêmes. Ceci dit, Jésus ne condamne pas Pierre mais il continue d’enseigner l’apôtre et les disciples « Veillez et priez pour ne pas céder à la tentation » (vt. 41). Il leur dit ce qu’il a déjà enseigné sur la prière dans le Notre Père : « Ne nous expose pas à la tentation mais délivre-nous du tentateur ». Jésus sait que ses disciples vont être « criblés comme du froment » (Luc 22 vt 31) et que la tentation qui les guette tous à ce moment-là, est le reniement de leur foi.
Et pour nous en ce moment de notre vie, quelles sont les tentations qui nous guettent ? Un jour un vieux pasteur exhortait un de ces paroissiens à se tenir en garde contre 3 choses : la négligence, l’oubli et l’ignorance. Sous l’effet de la négligence (dans notre vie spirituelle) nous laissons entrer en nous des pensées contaminées par l’ennemi de nos âmes. Sous l’effet de l’oubli, nous passons outre notre mission qui est de lutter contre ces mauvaises pensées. Et sous l’effet de l’ignorance, nous ne savons même plus qu’en tant que chrétiens, nous sommes en guerre spirituellement parlant et que nous devons lutter. La conscience de cette réalité doit nous pousser à veiller et à prier.
En conclusion : Nous devons veiller et prier ensemble. Pierre croyait savoir où il en était dans sa relation à Jésus mais il se trompait, il était bien présomptueux. Plus tard nous le voyons beaucoup plus attentif à la voix de son maître (Actes 10) et achever la mission qui lui avait été confiée. Prenons du temps dans la présence du Seigneur pour nous-mêmes mais aussi pour et avec nos frères et sœurs, sachant qu’ils partagent nos mêmes luttes. Prenons du temps pour écouter l’Esprit Saint qui est en nous. Lisons et méditons la Parole. Louons Dieu et soyons remplis du Saint Esprit. Il n’y a que le Seigneur qui connaisse notre véritable état spirituel, notre cœur, et c’est en passant du temps avec lui que nous pouvons savoir où nous en sommes spirituellement. Veillons et prions !