Octobre 2012 - Existe-t-il des péchés « mignons

Octobre 2012 - Existe-t-il des péchés « mignons » ?

Tout le monde connait l’expression « Il y a anguille sous roche ». Cette expression fait référence à un poisson, l'anguille, qui a pour particularité de ne pas aimer la lumière et de rester cachée sous les rochers. Et comme cet animal visqueux n'est pas facile à attraper, il est devenu le symbole de la sournoiserie et de la tromperie. Les péchés dits mignons pourraient être comparés à ces « anguilles sous roches ». Eux aussi se cachent dessous les roches de la bonne conscience.

Existe-t-il une « bonne conscience » ? En dehors de l’œuvre de la croix dans la vie d’un homme, y-a-t-il dans l’être humain quelque chose qui puisse être naturellement bon ? La réponse de la Bible est claire et sans appel « Nous tous, nous étions aussi comme eux, nous vivions selon les désirs de notre propre nature... Ainsi, à cause de notre nature, nous étions destinés à subir le jugement de Dieu comme les autres » Eph 2, 3. Est-ce que le critère de notre conscience est suffisant pour définir ce qui est bon ou mauvais ? En effet, notre conscience n’est pas l’instance ultime et infaillible en matière de discernement. Notre conscience doit, elle aussi, passer par la croix et la résurrection de Jésus pour être éclairée par Dieu et par sa Parole inspirée. Je sais que chez les protestants la conscience semble être un véritable château fort, une sorte de chasse gardée. Cela peut se comprendre en situation d’hyper minorité et de persécutions, on se souvient du mot gravé par Marie Durand sur la pierre de sa prison à Aigues mortes pour encourager ses compagnes de captivité « RESISTER ». Marie Durand, emprisonnée 38 ans dans cette tour à cause de sa foi, savait ce que résister en son fort intérieur voulait dire et ce qu’il impliquait comme sacrifice. Mais devant celui qui sonde les reins et connait les cœurs… notre conscience n’a pas besoin de résister, au contraire elle peut rester calme. D’ailleurs, avant qu’il ne devienne le chantre de la liberté en Christ, l’apôtre Paul a dû se laisser dompter par celui qui lui a dit « Il te serait dur de résister contre les aiguillons ! » (Act 26, 14)

Le chrétien doit résister avant tout aux péchés et au diable - et en certaines occasions à des pouvoirs politiques oppressants - mais surtout pas à Dieu « Soumettez vous à Dieu, résistez au diable et il fuira loin de vous » (Jc 4, 7). Nous pouvons bien sûr entrer en discussion avec Dieu, comme Job l’a fait et cela peut être utile pour un temps quand on est frappé par l’injustice ou toutes sortes d’épreuves. Mais à la fin, nous devrons nous rendre à l’évidence « Sages ou puissants qui lui résisterait impunément ? » Jb 9, 4

Plus vicieux, l’expression « péchés mignons » peut désigner des péchés secrets que l’on ne considérerait pas comme scandaleux parce que non publics. Là, nous touchons au formalisme religieux qui insiste tant sur l’extériorité de la foi pour tromper son monde. Jésus condamne de tels comportements hypocrites dans les évangiles.

Il est vrai que toutes les formes de péchés n’ont pas les mêmes conséquences sur une personne, sur l’ensemble d’une société ou sur une communauté chrétienne. Mais la Bible ne fait pas de distinction de nature entre les péchés, Jésus non plus, bien au contraire, combien de fois ne lève t’il pas le voile de l’hypocrisie du « pas vu pas pris par la patrouille » ? Ne jouons pas au chat et à la souris avec le Seigneur, c’est de l’enfantillage.

Dans une de ses prédications, Charles Spurgeon dit ceci « Je veux bien être chrétien, objectes-tu, mais pas avec le sérieux dont vous parlez. J’espère que tu suivras plutôt le sérieux de Dieu, qui surpasse de loin le mien. Tu dis que mon message est celui d’un puritain, mais en ce jour là, le jugement de Dieu sera selon une pureté absolue… Ne te trompe pas. Il faut abandonner tes péchés mignons, commis dans le secret, avant d’être en paix avec Dieu. Il est absolument impossible d’avoir Dieu et l’amour du monde, Christ et le diable. Il faut choisir l’un ou l’autre. Puisse Dieu te donner la grâce de tout abandonner pour lui, car quelle est la valeur de toutes ces choses ? Ce sont des mensonges ici bas et des tourments pour l’éternité… » (cf. I Jn 2, 15-18)

T.R.